Mais que fais-tu là ? || Libre

Doucement, tu avances dans cette allée de pommiers. C'est la faim qui t'y a emmené, mais te sachant sur les terres indiennes, tu restes sur tes garde, toi petit solitaire n'ayant que ta propre personne pour te défendre.

Tu soupire en marchant entre les allée, mirant chaque pommes, à la recherche de la plus belle, car en plus, tu est gourmand. Elle sont toutes belle, pourtant, mais toi, tu cherches la plus belle, celle qui conviendra à ta petite personne.

Puis, un beau fruit rouge attire ton œil critique. D'abord, tu fais le tour de celle-ci. N'est-ce pas un drôle de manège pour une simple pomme ? Oh si ! et tu en à que faire, tu cherches juste à calmer ta faim.

Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite puis tu tends l'encolure et attrape la pomme qui te fait de l’œil, la dévorant avec appétit. «».

La vie était un peu trop plate ces jours-ci, et la demoiselle avait bien du mal à rester en place. Ennuyeux, oh oui, qu'est-ce que tout paraissait ennuyeux. Val Siggy avait besoin de sa dose d'adrénaline quotidienne, et s'approcher si près du camp des Indiens lui promettait un sacré shoot.

Le doux parfum des arbres fruitiers lui parvenait déjà. Le coeur battant fort dans sa poitrine, elle ralentit, naseaux vers le ciel en quête d'une odeur humaine. Il lui était difficile de se prononcer tant elle était excitée à l'idée d'aller leur dérober quelques-unes de leur merveilles.

Son corps pourtant ne montrait rien de tout cette agitation qui l'animait. Son pas était déterminé, mais calme. Elle s'efforça de prendre l'air le plus naturel possible, comme si elle était l'une des filles de l'Antilope. Si un bipède la remarquait, peut-être la prendrait-il pour l'une de leurs montures. Dans le cas contraire, elle n'aurait qu'à jouer la fille de l'air. Elle frissonnait déjà de plaisir à cette idée. Peut-être même que ça valait le coup de se faire remarquer, juste pour pouvoir leur échapper ensuite.

Elle pénétra dans le verger avec un sourire victorieux. Mais ses lèvres bientôt s’adonnèrent à un nouveau jeu, et ne tardèrent pas à venir cueillir d'un baiser la première pomme qui retint l'attention de Siggy. Ce fut une explosion d'arômes, un délice ; le goût de l'interdit y ajoutait plus de saveur encore. Elle prit son temps, savourant la chair du fruit avec lenteur. Les Hommes ne sauraient garder pour eux de tels trésors.

La jument continua à déambuler dans les rangées de pommiers, profitant de la fraîcheur qui régnait dans le verger. Plusieurs fois, elle renifla l'écorce des arbres et emplit ses naseaux de celle de leur sève. Il se murmurait ça et là que les Hommes s'en abreuvaient parfois, et qu'elle avait de nombreuses vertus. Siggy aurait bien voulut mettre la rumeur à l'épreuve de son palais, mais elle voyait mal comment s'y prendre pour récupérer le précieux liquide.

Elle cogita, longtemps, mais l’entreprise lui parut difficile. Impossible plutôt d'ailleurs. C'était rageant.

L'étalon pie la percuta de plein fouet. Hébétée et un peu sonnée elle aussi, elle le regarda tituber avant de s'effondrer sur le sol. Il fit mine de se lever, et la brunette hésita un instant à l'aider. Rapide, il ne lui laissa pas le temps de trancher, et se dressait déjà devant elle sur ses quatre jambes. Il avait apparemment repris très vite ses esprits.

- Ne pouviez-vous pas vous pousser bon sang ? Ne suis-je pas assez coloré ?

Elle haussa les arcades sourcilières. Celui-là, il avait l'air d'être un sacré phénomène.

- Doucement poil de carotte. L'allée est à tout le monde. Tu n'as qu'à faire le tour.

Elle avait répondu avec une petite touche d'insolence. Mais l'inconnu avait l'air remonté, et Siggy se dit qu'il ne valait peut-être mieux ne pas l'attiser. Elle s'approcha de lui avec sollicitude.

- Rien de cassé ? demanda-t-elle.